Communiqué de l’Association des archivistes français

Destruction d’archives publiques de la commune de Viviers

Début octobre, le bureau de l’AAF a été informé de la destruction des archives publiques de la commune de Viviers. Un communiqué a été rédigé pour être diffusé début novembre. Des journaux et des sites Internet l’ont repris.
Parallèlement, des courriers ont été envoyés au préfet du département de l’Ardèche ainsi qu’à la Direction des Archives de France.

Association des archivistes français (AAF)   vendredi 27 novembre 2009
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Le 6 novem­bre 2009

Les archi­ves muni­ci­pa­les de la com­mune de Viviers (Ardèche, 4000 habi­tants) ont été en partie détrui­tes au début de l’été 2009, à l’ini­tia­tive du direc­teur géné­ral des ser­vi­ces de la mairie, au mépris des pro­cé­du­res de tri régle­men­tai­res. La loi fran­çaise, en effet, impose la consul­ta­tion préa­la­ble de l’admi­nis­tra­tion des archi­ves pour pro­té­ger ce qui doit être conservé en tant que patri­moine, en tant qu’outil de tra­vail pour l’admi­nis­tra­tion ou en tant que preuve pour l’admi­nis­tra­tion ou les admi­nis­trés. D’ailleurs, la com­mune res­pec­tait jusque-là, semble-t-il, ces règles du jeu. A ce titre, elle entre­te­nait des rela­tions régu­liè­res avec les Archives dépar­te­men­ta­les, dont le direc­teur détient un rôle de contrôle et de conseil scien­ti­fi­que et tech­ni­que au nom de l’Etat. La hâte dans laquelle les des­truc­tions ont été effec­tuées n’en est que plus sur­pre­nante, voire sus­pecte.

L’argu­ment selon lequel les archi­ves étaient mal conser­vées, en vrac, dans des locaux inon­da­bles, est sujet à cau­tion et réfuté par les archi­vis­tes pro­fes­sion­nels qui connais­saient la situa­tion. Quoi qu’il en soit, cela ne sau­rait cons­ti­tuer une excuse pour une col­lec­ti­vité ter­ri­to­riale qui, comme toutes les autres, est res­pon­sa­ble de ses archi­ves et de leur conser­va­tion et qui ne sau­rait à sa conve­nance s’exo­né­rer du visa de l’Etat pour éliminer des dizai­nes de mètres linéai­res de docu­ments.

La des­truc­tion d’archi­ves publi­ques est punie par des sanc­tions pou­vant aller jusqu’à trois ans d’empri­son­ne­ment et 45 000 € d’amende (1 an et 15000 euros si la cause de la des­truc­tion est une négli­gence), avec des peines com­plé­men­tai­res comme perte de droits civils et l’inter­dic­tion d’exer­cer une fonc­tion publi­que.

La régle­men­ta­tion a pour but de garan­tir au citoyen ses droits face à l’admi­nis­tra­tion et son droit d’accès à l’infor­ma­tion his­to­ri­que.

L’Association des archi­vis­tes fran­çais s’étonne qu’un haut res­pon­sa­ble puisse igno­rer ces règles et leurs enjeux, au point d’agir sans plus de réflexion. Elle s’étonne également qu’il n’ait pas tenu compte de la col­la­bo­ra­tion exis­tante avec les Archives dépar­te­men­ta­les, ni du tra­vail réa­lisé pour ins­tau­rer une ges­tion des archi­ves. Elle sou­tient ses col­lè­gues archi­vis­tes dont elle est assu­rée qu’ils ont assuré au mieux leurs mis­sions. Elle est cho­quée par ces des­truc­tions sau­va­ges d’éléments de patri­moine. Elle sou­haite que toutes les mesu­res soient prises pour que les res­pon­sa­bles des col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­ria­les et de toutes les orga­ni­sa­tions pro­dui­sant des archi­ves publi­ques connais­sent et res­pec­tent désor­mais les règles ; enfin, elle demande à chacun d’eux de mettre en place à son niveau les mesu­res qui s’impo­sent au sein de ses ser­vi­ces admi­nis­tra­tifs.

Il en va du bon fonc­tion­ne­ment de nos ins­ti­tu­tions et des droits fon­da­men­taux des citoyens.

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