Communiqué de presse du 17 juillet 2017

Filière de documentation au ministère de la Culture : une situation intenable

L’Association des archivistes français s’inquiète de la réelle prise en compte par le ministère de la Culture des problèmes d’effectifs, de carrière et de recrutements des personnels de la filière de documentation (conservateurs du patrimoine, chargés d’études documentaires et secrétaires de documentation) dans l’ensemble des services concernés et en particulier dans les trois services à compétence nationale que sont les Archives nationales, les Archives nationales d’Outre-mer et les Archives nationales du monde du travail, et dans le réseau.

lundi 17 juillet 2017
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Les pos­si­bi­li­tés de recru­te­ment offer­tes depuis 2010 tant pour les secré­tai­res de docu­men­ta­tion que pour les char­gés d’études docu­men­tai­res n’ont pas permis de répon­dre aux besoins de l’ensem­ble du réseau des archi­ves publi­ques. Dès lors la ges­tion de la pénu­rie oblige le minis­tère à arbi­trer tantôt au détri­ment des Archives dépar­te­men­ta­les, tantôt au détri­ment des 3 SCN ou encore au détri­ment des autres ser­vi­ces du réseau des archi­ves. À quand une poli­ti­que de recru­te­ment à la hau­teur des ambi­tions et des enjeux, qui ne lésera aucun des acteurs du réseau ?

Les lau­réats du concours CHED atten­dus à l’automne (28 sur la liste prin­ci­pale et 56 sur la liste com­plé­men­taire pour le réseau des archi­ves) ne suf­fi­ront pas à ren­for­cer ni à sta­bi­li­ser sur le long terme les effec­tifs. Par exem­ple les 15 postes prévus pour les SCN sont infé­rieurs aux 20 postes vacants actuel­le­ment. Dans le même temps, les ser­vi­ces ter­ri­to­riaux sont régu­liè­re­ment contraints de voir des postes État dis­pa­raî­tre.

À cela s’ajou­tent des dif­fi­cultés géné­rées par l’orga­ni­sa­tion des concours de la filière de docu­men­ta­tion. L’inter­valle qui s’écoule entre deux ses­sions peut aller jusqu’à 6 ou 7 ans. En l’absence de tui­lage entre le calen­drier des concours de CHED et de SECDOC, l’ascen­seur social que ces concours pour­raient repré­sen­ter ne fonc­tionne pas. Enfin, contrai­re­ment aux concours de la filière cultu­relle ter­ri­to­riale, les options choi­sies par les can­di­dats (docu­men­ta­tion, archi­ves, régie d’œuvre) ne sont pas prises en compte lors des nomi­na­tions des lau­réats sur poste. Les postes d’archi­vis­tes sont rare­ment pour­vus par des archi­vis­tes de for­ma­tion qui para­doxa­le­ment/mal­heu­reu­se­ment connais­sent peu cette filière de recru­te­ment. Dès lors, il est dif­fi­cile à moyen terme de rete­nir dans les ser­vi­ces d’archi­ves des agents qui aspi­rent à exer­cer dans d’autres ins­ti­tu­tions patri­mo­nia­les. La reconnais­sance des archi­vis­tes passe aussi par celle des spé­ci­fi­ci­tés d’un métier à part entière, ainsi que par l’adé­qua­tion entre for­ma­tion, statut et fonc­tion.
Les Archives natio­na­les en ont fait l’amère expé­rience lors des der­niers concours de la filière docu­men­ta­tion. Sur la petite tren­taine de nou­veaux arri­vants (16 CHED, 10 SECDOC) affec­tés en 2012 à la faveur de l’ouver­ture du site de Pierrefitte-sur-Seine, seuls 10 sont encore pré­sents 5 ans après.

L’Association des archi­vis­tes fran­çais a par ailleurs déjà eu l’occa­sion d’atti­rer l’atten­tion sur la situa­tion des conser­va­teurs, en par­ti­cu­lier de ceux qui sont mis à dis­po­si­tion par l’État en col­lec­ti­vité [1]. Dans les archi­ves, c’est donc l’ensem­ble des corps scien­ti­fi­ques du minis­tère de la Culture qui sont aujourd’hui fra­gi­li­sés.

L’Association des archi­vis­tes fran­çais réclame une poli­ti­que ambi­tieuse de recru­te­ment pour que le minis­tère de la Culture offre ainsi aux ser­vi­ces d’archi­ves les moyens de faire face serei­ne­ment à leur avenir et d’exer­cer plei­ne­ment leurs mis­sions. Les archi­ves ont trop long­temps vécu dans un contexte de res­tric­tion des effec­tifs, il est temps de leur donner un second souf­fle, à la mesure de leur ambi­tion, alors même que de grands enjeux stra­té­gi­ques, encore récem­ment iden­ti­fiés par la Cour des comp­tes sont devant nous [2].

À propos de l’AAF
Fondée en 1904, l’Association des archivistes français regroupe aujourd’hui plus de 1 900 adhérents, professionnels des archives du secteur public comme du secteur privé.
Consciente du défi que représente, dans le monde contemporain, la maîtrise de la production archivistique et de l’information qu’elle renferme, l’AAF se définit comme un organe permanent de réflexions, de formations et d’initiatives mis au service des sources de notre histoire, celles d’hier comme celles de demain. L’association entend en cela défendre les intérêts des professionnels, promouvoir le métier d’archiviste et sensibiliser le grand public à l’importance citoyenne des archives en France mais également à travers le monde.

Contacts : Alice Grippon - Delegation_generale@archivistes.org ou 01-46-06-40-12
Association des archivistes français - 8 rue Jégo –75013 Paris - www.archivistes.org

Photo : By ros k @ getfunky_paris (Flickr : Timeless) [CC BY 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)], via Wikimedia Commons



[1Communiqué du 28 février 2017 « Archives départementales : des postes oubliés ? » http://www.archivistes.org/Archives-departementales-des-postes-oublies
Communiqué du 22 mai 2017 « Conservateurs en archives, des postes encore oubliés ? » http://www.archivistes.org/Conservateurs-en-archives-des-postes-encore-oublies

[2Article en ligne « Rapport de la Cour des comptes au Sénat sur les Archives nationales : l’AAF réagit » http://www.archivistes.org/Rapport-de-la-Cour-des-comptes-au-Senat-sur-les-Archives-nationales-l-AAF

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