La Gazette des archives n° 251 (2018-3)

L’archiviste-caméléon, médiateur du quotidien

Rédaction de la Gazette des archives   lundi 3 décembre 2018
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La sec­tion des archi­vis­tes com­mu­naux, inter­com­mu­naux et iti­né­rants de l’Association des archi­vis­tes fran­çais a mis à l’hon­neur de son dou­zième col­lo­que, orga­nisé du 26 au 28 sep­tem­bre 2017 à Pau, « l’archi­viste-camé­léon, média­teur du quo­ti­dien ». Archivistes et média­teurs ont débattu autour du thème de la média­tion entre les archi­ves et leurs pro­duc­teurs et uti­li­sa­teurs, au tra­vers de confé­ren­ces, tables rondes et pos­ters pro­po­sant une grande diver­sité d’appro­ches. Pour quels publics, avec quel­les métho­des, pour quels usages, par quels moyens ?
Ce numéro de La Gazette des archi­ves regroupe des inter­ven­tions pré­sen­tées à Pau, mais aussi des expé­rien­ces iné­di­tes qui vien­nent enri­chir la réflexion. Il vise à éclairer la notion de média­tion et à décou­vrir com­ment elle peut s’inté­grer aux mis­sions quo­ti­dien­nes de l’archi­viste, dans ses rela­tions tant aux ser­vi­ces ver­sants qu’aux publics exter­nes, afin de contri­buer à créer et à enri­chir le patri­moine, mais aussi de garan­tir aux citoyens l’accès à des don­nées, quel que soit leur sup­port, qui soient per­ti­nen­tes, fia­bles, péren­nes et docu­men­tées.

Ce numéro a été conjoin­te­ment coor­donné par Élodie Belkorchia, res­pon­sa­ble des pôles conser­va­tion pré­ven­tive et valo­ri­sa­tion aux Archives muni­ci­pa­les d’Aubervilliers, et Cécilia Cardon, archi­viste-records mana­ger aux Archives muni­ci­pa­les de Pantin.

SOMMAIRE

 Introduction, par Vanina GASLY

 Hommage à Christine Juliat, par le bureau de la sec­tion des archi­vis­tes com­mu­naux, inter­com­mu­naux et iti­né­rants

Médiation et archi­ves, un duo à valo­ri­ser

 Des sal­tim­ban­ques aux média­teurs, par Élodie BELKORCHIA

 La média­tion aux archi­ves : pour une com­plé­men­ta­rité des com­pé­ten­ces, par Dominique GRARD et Géraldine ZAMANT

Transmettre et convain­cre, l’archi­viste au cœur d’un réseau d’acteurs

 L’archi­viste, ce « par­te­naire par­ti­cu­lier »… Revisiter la rela­tion entre l’archi­viste et les pro­duc­teurs et pro­duc­tri­ces d’archi­ves, par Agnès DEJOB et Chloé MOSER

 La for­ma­tion « Archives et moi : mon rôle de mana­ger », ou com­ment repen­ser sa stra­té­gie de com­mu­ni­ca­tion auprès des ser­vi­ces, par Carine CONDUCHÉ et Soazig SANTRAN

 Archivons ! Comment (re)mobi­li­ser nos ser­vi­ces ver­sants, par Marie BRETAULT et Carole RICHOU

 Le kit RM, par Émilie DEBLED et Anthony CLAVERIE

 L’archi­viste pres­ta­taire : savoir vendre son tra­vail, par Vanina GASLY, Eve JULLIEN, Fabrice RIVA ROVEDA et Marie VIARD

 Médiation par la valo­ri­sa­tion patri­mo­niale : l’influence réci­pro­que entre col­lecte et tra­vaux scien­ti­fi­ques, par Guillaume NORMAND et Elsa QUÉTEL

Réinventer la valo­ri­sa­tion, des pra­ti­ques inno­van­tes pour faci­li­ter l’accès et l’uti­li­sa­tion des fonds

 Du pré­si­dent de salle à l’agent de média­tion, récit d’une muta­tion au ser­vice du public, par Sylvie CLAUS

 Intégrer le mar­ke­ting à la média­tion cultu­relle : un modèle d’archi­vis­ti­que ouverte, par Martine CARDIN et Christian DESÎLETS

 L’archi­viste, média­teur de la donnée ?, par Julien BENEDETTI et Maud PROFIZI JOUVE

 Archiviste : l’arri­vée sur le Web d’un métier « culture pop’ », par Sonia DOLLINGER

 Oubliés de l’Histoire ? Quand des lycéens font revi­vre la mémoire d’un camp d’inter­ne­ment, par Vanina GASLY


RÉSUMÉS DES ARTICLES

  Introduction, par Vanina GASLY

  Hommage à Christine Juliat, par le bureau de la sec­tion des archi­vis­tes com­mu­naux, inter­com­mu­naux et iti­né­rants

Médiation et archi­ves, un duo à valo­ri­ser

  Des sal­tim­ban­ques aux média­teurs, par Élodie BELKORCHIA

Au prin­temps 2017, le groupe de tra­vail Médiation ↔ archi­ves pro­po­sait aux archi­vis­tes de répon­dre à une double enquête afin de dres­ser un état des lieux des pra­ti­ques de média­tion. Un moyen de faire le point sur les pra­ti­ques exis­tan­tes mais aussi de saisir la com­pré­hen­sion de la média­tion en ser­vice d’archi­ves. En contre­point des enquê­tes réa­li­sées par le SIAF ces der­niè­res années, les enquê­tes mon­trent la diver­sité et la richesse des pra­ti­ques exis­tan­tes s’appuyant sur des clas­si­ques (ate­liers péda­go­gi­ques, expo­si­tion), tout en conti­nuant d’expé­ri­men­ter et d’inno­ver. La média­tion ne se res­treint plus à la seule média­tion cultu­relle, fai­sant de l’archi­viste-média­teur un inter­lo­cu­teur pri­vi­lé­gié au sein d’un réseau d’acteurs qui contri­buent aux poli­ti­ques d’archi­vage. Ce nou­veau statut inter­roge à la fois la méthode et le cadre dans lequel évoluer, mais aussi les moyens de com­mu­ni­ca­tion à déve­lop­per pour être vu et entendu. L’exper­tise en matière de média­tion demande enfin de se trans­for­mer en pres­crip­teur pour répon­dre au mieux aux usa­gers, dont les atten­tes évoluent tou­jours plus rapi­de­ment, tout en inven­tant les moyens de contour­ner les contrain­tes struc­tu­rel­les (moyens humains, budget, temps).

  La média­tion aux archi­ves : pour une com­plé­men­ta­rité des com­pé­ten­ces, par Dominique GRARD et Géraldine ZAMANT

Entre la média­tion-faci­li­ta­tion dans un ser­vice d’archi­ves, propre à la com­mu­ni­ca­tion des archi­ves par son per­son­nel, et la média­tion-valo­ri­sa­tion, com­pé­tence spé­ci­fi­que d’un per­son­nel dédié, sou­vent sans com­pé­tence archi­vis­ti­que, y a-t-il oppo­si­tion ou com­plé­men­ta­rité ? Le Rize, équipement cultu­rel poly­va­lent de Villeurbanne qui englobe les archi­ves de la ville, tente de faire coexis­ter ces mis­sions, en diver­si­fiant des actions qui répon­dent ou sus­ci­tent la demande de publics dif­fé­rents. La com­plé­men­ta­rité entre média­teur et archi­viste est par­ti­cu­liè­re­ment mani­feste dans une ini­tia­tive ori­gi­nale : Les « Mots par­leurs », ate­lier d’écriture à partir d’un docu­ment d’archi­ves. Les actions menées à Villeurbanne concer­nent autant les adul­tes avec, par exem­ple, ces « Mots par­leurs », « Les archi­ves racontent », l’inven­taire archi­tec­tu­ral par­ti­ci­pa­tif, ou encore l’ency­clo­pé­die en ligne, que les plus jeunes, avec des mal­let­tes péda­go­gi­ques, ate­liers uti­li­sant Minecraft et plans archi­vés ou ate­lier « Archive ta classe ». Pour toutes ces ani­ma­tions, allier les com­pé­ten­ces s’avère indis­pen­sa­ble pour enri­chir l’offre cultu­relle de l’équipement.

Transmettre et convain­cre, l’archi­viste au cœur d’un réseau d’acteurs

  L’archi­viste, ce « par­te­naire par­ti­cu­lier »… Revisiter la rela­tion entre l’archi­viste et les pro­duc­teurs et pro­duc­tri­ces d’archi­ves, par Agnès DEJOB et Chloé MOSER
Le choix du camé­léon, animal fourbe, comme titre du col­lo­que pour repré­sen­ter l’archi­viste peut inter­ro­ger. Savoir modu­ler son appa­rence est utile pour qui se retrouve dans des situa­tions variées – à condi­tion de conser­ver sa forme, intè­gre. Mais l’inter­ro­ga­tion porte aussi sur la ten­dance de l’archi­viste à ques­tion­ner sans cesse son iden­tité. Les auteu­res, auto-pro­cla­mées « archi­vo­lo­gues », offi­cia­li­sant l’exis­tence d’une dis­ci­pline consa­crée à l’étude de l’archi­viste par l’archi­viste, met­tant en paral­lèle les acti­vi­tés de média­tion et les rela­tions avec le public des pro­duc­teurs ou pro­duc­tri­ces d’archi­ves, cher­chent à carac­té­ri­ser le mes­sage à trans­met­tre en évitant les dégâts de la « com­mu­ni­ca­tion para­doxale ». Les notions d’inter­dé­pen­dance et de par­te­na­riat sont essen­tiel­les. L’archi­viste agit un peu comme le méde­cin avec sa patiente ou son patient. Son inter­ven­tion peut s’appa­ren­ter à de la méde­cine de pré­ven­tion auprès des ser­vi­ces pro­duc­teurs quand il sen­si­bi­lise, forme et conseille en s’appuyant sur des com­pé­ten­ces appro­fon­dies dans ces domai­nes. Comme le camé­léon, l’archi­viste est d’abord un obser­va­teur du contexte de tra­vail des ser­vi­ces et de pro­duc­tion des don­nées et docu­ments. À ce titre, il ou elle peut alors jouer un rôle appré­cié d’accom­pa­gnant.e et deve­nir un « par­te­naire par­ti­cu­lier » des pro­duc­teurs et pro­duc­tri­ces.

  La for­ma­tion « Archives et moi : mon rôle de mana­ger », ou com­ment repen­ser sa stra­té­gie de com­mu­ni­ca­tion auprès des ser­vi­ces, par Carine CONDUCHÉ et Soazig SANTRAN

Aux Archives muni­ci­pa­les de Toulouse, la sen­si­bi­li­sa­tion des ser­vi­ces pro­duc­teurs s’est long­temps faite de manière empi­ri­que, au fil des opé­ra­tions d’archi­vage. Conscients des avan­ta­ges qu’il pou­vait y avoir à per­fec­tion­ner cette média­tion du quo­ti­dien, nous avons engagé en 2017 une réflexion sur les moyens de l’amé­lio­rer. Comment par­ve­nir à valo­ri­ser le dis­cours des archi­vis­tes ? Comment créer une for­ma­tion attrac­tive et per­ti­nente au regard des besoins des ser­vi­ces ver­sants ? Quelles res­sour­ces uti­li­ser au sein de la col­lec­ti­vité pour mettre en avant et légi­ti­mer ce projet ? Avant toute chose, nous nous sommes inter­ro­gés sur les moyens à notre dis­po­si­tion pour pro­fes­sion­na­li­ser nos actions de sen­si­bi­li­sa­tion. Plutôt que de se lancer à corps perdu dans l’aven­ture, nous avons cher­ché à valo­ri­ser nos com­pé­ten­ces en interne et à nous rap­pro­cher de par­te­nai­res pré­sents au sein de la col­lec­ti­vité, dont le tout récent dis­po­si­tif d’accom­pa­gne­ment des mana­gers (DAM). Dans cet arti­cle, nous met­trons donc plus par­ti­cu­liè­re­ment l’accent sur le module de for­ma­tion « Archives et moi : mon rôle de mana­ger », fruit de cette col­la­bo­ra­tion nou­velle entre le DAM et les Archives muni­ci­pa­les de Toulouse. Nous ver­rons com­ment la défi­ni­tion des objec­tifs de la for­ma­tion, la créa­tion de son contenu et l’orga­ni­sa­tion même des ses­sions ont été for­te­ment déter­mi­nées par ce par­te­na­riat.

  Archivons ! Comment (re)mobi­li­ser nos ser­vi­ces ver­sants, par Marie BRETAULT et Carole RICHOU

Le projet « Archivons ! », mené aux Archives muni­ci­pa­les de Rennes de 2015 à 2018, vise à mieux faire connaî­tre le rôle des mis­sions conseil et col­lecte auprès des ser­vi­ces pro­duc­teurs de la Ville de Rennes, du centre com­mu­nal d’action sociale et de Rennes Métropole. Inscrit au projet admi­nis­tra­tif, scien­ti­fi­que et cultu­rel 2015-2018 du ser­vice, la cam­pa­gne de com­mu­ni­ca­tion s’engage à répon­dre aux objec­tifs prin­ci­paux sui­vants : res­pon­sa­bi­li­ser les ser­vi­ces pro­duc­teurs dans le pro­ces­sus d’archi­vage, iden­ti­fier les Archives muni­ci­pa­les de Rennes comme ser­vice res­source dans le par­tage et la ges­tion de l’infor­ma­tion. En par­te­na­riat avec le ser­vice com­mu­ni­ca­tion interne de la col­lec­ti­vité et un pres­ta­taire en com­mu­ni­ca­tion visuelle, l’équipe projet a déve­loppé une palette d’actions ciblant les dif­fé­rents pro­fils d’agents : publi­ca­tions, visi­tes sur mesure du bâti­ment, cam­pa­gne d’affi­chage, tra­vail sur le réseau des cor­res­pon­dants archi­ves. Ce retour d’expé­rience pro­pose un état des lieux du projet : les enjeux ini­tiaux, les par­te­nai­res mobi­li­sés, les freins ren­contrés, les béné­fi­ces réa­li­sés et les pers­pec­ti­ves à venir.

  Le kit RM, par Émilie DEBLED et Anthony CLAVERIE

Pour aider les ser­vi­ces muni­ci­paux à gérer leurs docu­ments papier et électroniques, la Ville d’Antibes s’est enga­gée en 2013 dans une démar­che de records mana­ge­ment (RM). Dans un contexte de forte pro­duc­tion docu­men­taire, notam­ment numé­ri­que, elle vise à favo­ri­ser l’acces­si­bi­lité aux infor­ma­tions, et à garan­tir fia­bi­lité, inté­grité et péren­nité, tout en évitant de com­plexi­fier les pro­cé­du­res. Le « kit RM », créé dans cette opti­que, réunit les huit condi­tions requi­ses pour une ges­tion docu­men­taire opti­mi­sée, ainsi que les outils cor­res­pon­dants (fiches pra­ti­ques, for­ma­tion, pré­sen­ta­tion de bonnes pra­ti­ques ou encore tableau de ges­tion). À la clé, un label RM interne est remis aux ser­vi­ces afin de reconnaî­tre et de valo­ri­ser le tra­vail accom­pli. Depuis l’ori­gine du projet, les copi­lo­tes de la démar­che ont veillé à com­mu­ni­quer, infor­mer, former et accom­pa­gner au chan­ge­ment les col­la­bo­ra­teurs, en uti­li­sant les moyens de com­mu­ni­ca­tion interne (intra­net, bul­le­tin interne, pré­sen­ta­tion en per­sonne), et en créant des sup­ports de com­mu­ni­ca­tion inno­vants, voire déca­lés (RM-紙 et vidéos). Que ce soit au niveau de la phase de l’enquête pré­li­mi­naire ou du déploie­ment des outils, la démar­che de RM permet de (mieux) connaî­tre les mis­sions exer­cées, les docu­ments pro­duits et les col­la­bo­ra­teurs eux-mêmes. Une occa­sion par­faite de valo­ri­ser le tra­vail de chacun dans la col­lec­ti­vité et de mettre en lumière le rôle de l’archi­viste.

  L’archi­viste pres­ta­taire : savoir vendre son tra­vail, par Vanina GASLY, Eve JULLIEN, Fabrice RIVA ROVEDA et Marie VIARD

Les archi­vis­tes iti­né­rants sont pré­sents dans dif­fé­rents contex­tes ins­ti­tu­tion­nels : inter­com­mu­na­li­tés, cen­tres de ges­tion, Archives dépar­te­men­ta­les, free­lance. Leurs situa­tions, modes opé­ra­toi­res et contex­tes d’inter­ven­tion sont donc bien dif­fé­rents. Pourtant, tous ont les mêmes objec­tifs : convain­cre de la néces­sité de leur mis­sion, sen­si­bi­li­ser sur les bonnes pra­ti­ques, s’adap­ter à tous les contex­tes (tou­jours dans les limi­tes de l’accep­ta­ble). La table ronde orga­ni­sée lors du col­lo­que « L’archi­viste-camé­léon, média­teur du quo­ti­dien » et dont les propos sont retrans­crits ici, per­met­tra de décou­vrir ces spé­ci­fi­ci­tés des « archi­vis­tes pres­ta­tai­res ».

  Médiation par la valo­ri­sa­tion patri­mo­niale : l’influence réci­pro­que entre col­lecte et tra­vaux scien­ti­fi­ques, par Guillaume NORMAND et Elsa QUÉTEL
Si les archi­ves ali­men­tent la recher­che his­to­ri­que, celle-ci peut aussi être un outil por­tant la parole des archi­vis­tes dans leurs ambi­tions de col­lecte de docu­ments. Au sein d’une des deux admi­nis­tra­tions pari­sien­nes de l’action sociale (le Centre d’action sociale de la Ville de Paris), dif­fé­ren­tes actions de valo­ri­sa­tion ont contri­bué à redé­fi­nir la posi­tion des archi­vis­tes. Avec l’adjonc­tion de tra­vaux uni­ver­si­tai­res aux pro­jets de valo­ri­sa­tion patri­mo­niale inter­nes, les archi­vis­tes ont pro­posé dif­fé­rents types de sup­ports de média­tion qui ont permis de com­mu­ni­quer sur les enjeux his­to­ri­ques et de faire remon­ter des sour­ces à des­ti­na­tion de cher­cheurs en quête de nou­veaux maté­riaux d’étude. Le dia­lo­gue qui s’est ins­tauré entre uni­ver­si­tai­res et archi­vis­tes a non seu­le­ment modi­fié et affiné les pra­ti­ques de col­lecte, voire de clas­se­ment mais également offert un outil de négo­cia­tion impor­tant entre pro­duc­teurs et archi­vis­tes, amé­lio­rant l’adhé­sion des ser­vi­ces aux pro­cé­du­res contrai­gnan­tes de l’archi­vage. Ces échanges ont donc contri­bué à légi­ti­mer les inter­ven­tions auprès des dif­fé­rents métiers en pro­po­sant aux tra­vailleurs sociaux un regard dis­tan­cié sur leurs pra­ti­ques et leur admi­nis­tra­tion. Les dif­fi­cultés par­fois ren­contrées dans ce tra­vail de média­tion mon­trent la nature intrin­sè­que­ment sen­si­ble des ques­tions d’action sociale et l’inté­rêt de les penser sur un plan his­to­ri­que.

Réinventer la valo­ri­sa­tion, des pra­ti­ques inno­van­tes pour faci­li­ter l’accès et l’uti­li­sa­tion des fonds

  Du pré­si­dent de salle à l’agent de média­tion, récit d’une muta­tion au ser­vice du public, par Sylvie CLAUS

À l’automne 2015, les Archives dépar­te­men­ta­les de la Savoie ont lancé un projet de réno­va­tion de la rela­tion au public. Dans le cadre du projet scien­ti­fi­que, cultu­rel et éducatif adopté pour les années 2014-2017, il s’agis­sait de dres­ser un bilan des besoins et des atten­tes du public tout en déter­mi­nant les moyens de la col­lec­ti­vité et le mode de fonc­tion­ne­ment à adop­ter pour établir une concor­dance entre ce que nous allions faire res­sor­tir de part et d’autre. Nous avons choisi de tra­vailler en interne sur un mode par­ti­ci­pa­tif afin que chaque membre de l’équipe des Archives dépar­te­men­ta­les se sente concerné et impli­qué. Différents aspects de la rela­tion avec le public ont été pris en compte, puis­que nous avons inclus le site Internet dans la réflexion ainsi que le cour­rier (papier et électronique) pour les deman­des de ren­sei­gne­ments, de même que les copies d’actes et le stan­dard télé­pho­ni­que. Ce tra­vail a abouti en juillet 2017 à une refonte des espa­ces et des mis­sions d’accueil du public, avec d’un côté la consul­ta­tion des docu­ments (sous-entendu ori­gi­naux, puisqu’une part signi­fi­ca­tive de nos fonds est numé­ri­sée) et de l’autre l’orien­ta­tion et le ren­sei­gne­ment. Nous avons en outre prévu des ate­liers par­ti­ci­pa­tifs avec le public pour com­mu­ni­quer dif­fé­rem­ment autour des fonds que nous conser­vons et des ins­tru­ments de recher­che acces­si­bles.

  Intégrer le mar­ke­ting à la média­tion cultu­relle : un modèle d’archi­vis­ti­que ouverte, par Martine CARDIN et Christian DESÎLETS

Cet arti­cle expose les prin­ci­paux pro­blè­mes qui font obs­ta­cle à l’exploi­ta­tion des archi­ves et pro­pose de les résou­dre dans un nou­veau cadre métho­do­lo­gi­que, celui de l’archi­vis­ti­que ouverte, dont les prin­ci­pes et l’archi­tec­ture concep­tuelle sont par­tiel­le­ment issus du domaine du mar­ke­ting. Il déve­loppe ensuite les rai­sons pour les­quel­les l’indus­trie de la publi­cité offre un ter­rain idéal pour expé­ri­men­ter les solu­tions à ces pro­blè­mes. Il pré­sente enfin les gran­des lignes d’une ini­tia­tive de recher­che menée en ce sens à l’uni­ver­sité Laval, et qui se déploie dans un ensem­ble de pro­jets en cours. L’arti­cle se ter­mine par la des­crip­tion de l’un de ces pro­jets, qui concerne les archi­ves de la prin­ci­pale agence de publi­cité au Canada, et dont les résul­tats pré­li­mi­nai­res ten­dent à confir­mer le poten­tiel de l’archi­vis­ti­que ouverte.

  L’archi­viste, média­teur de la donnée ?, par Julien BENEDETTI et Maud PROFIZI JOUVE
De plus en plus de don­nées sont col­lec­tées par les archi­vis­tes auprès des ser­vi­ces pro­duc­teurs. Dans un pre­mier temps prin­ci­pa­le­ment portée sur les enjeux et les moda­li­tés de la col­lecte et de la péren­ni­sa­tion de ces don­nées numé­ri­ques, la réflexion de la pro­fes­sion s’oriente désor­mais sur la pro­blé­ma­ti­que de la com­mu­ni­ca­tion et de la valo­ri­sa­tion des don­nées. Se pose donc la ques­tion de leur média­tion auprès de dif­fé­rents publics. Les archi­vis­tes sont-ils légi­ti­mes et com­pé­tents comme média­teurs de la donnée ? Dans une pre­mière partie, nous démon­trons que les archi­vis­tes ne sem­blent pas aujourd’hui iden­ti­fiés comme tels. Nous pour­sui­vons en ten­tant de mettre en évidence pour­quoi et com­ment l’archi­viste doit se saisir de ce rôle malgré des obs­ta­cles réels, tout en décons­trui­sant des blo­ca­ges fan­tas­més par la pro­fes­sion. Enfin, nous pro­po­sons plu­sieurs exem­ples de modes de média­tion de la donnée, de l’ate­lier au labo­ra­toire d’inno­va­tion, pou­vant s’ins­crire dans les acti­vi­tés des archi­vis­tes. Ainsi notre propos a pour but de ques­tion­ner non seu­le­ment le rôle de l’archi­viste dans la média­tion de la donnée, afin de fonder sa légi­ti­mité dans ce domaine, mais aussi de des­si­ner les limi­tes de son champ d’inter­ven­tion.

  Archiviste : l’arri­vée sur le Web d’un métier « culture pop’ », par Sonia DOLLINGER

À l’heure où les ser­vi­ces d’archi­ves sont de plus en plus pré­sents sur Internet, se pose la ques­tion de l’uti­li­sa­tion des nou­veaux outils à leur dis­po­si­tion. En effet, les archi­vis­tes trou­vent par­fois que leur métier est mal connu et s’en déso­lent. Depuis long­temps déjà, nous lisons les arti­cles dans les­quels les archi­vis­tes se plai­gnent d’un cer­tain mépris à leur égard. Pourtant, Internet et les réseaux sociaux sont l’occa­sion pour chacun d’entre nous, s’ils sont bien uti­li­sés, de contri­buer à sortir nos archi­ves de l’ombre et de faire par­ta­ger notre pas­sion pour la pro­fes­sion que nous avons choi­sie. Une bonne maî­trise des codes de lan­gage et des tech­ni­ques de com­mu­ni­ca­tion sur ces réseaux contri­bue sans coût exces­sif à une valo­ri­sa­tion auprès d’un large public que les ser­vi­ces d’archi­ves ne tou­chent pas for­cé­ment par des métho­des clas­si­ques. Les Archives muni­ci­pa­les de Beaune ont pu expé­ri­men­ter plu­sieurs types de réseaux sociaux et de com­mu­ni­ca­tion sur Internet grâce à un fort sou­tien de la col­lec­ti­vité et une impli­ca­tion col­lec­tive des agents du ser­vice. L’arri­vée d’archi­vis­tes, pétris d’une culture popu­laire désor­mais ancrée dans les mœurs, offre de nou­vel­les oppor­tu­ni­tés pour ins­crire les archi­ves dans un monde contem­po­rain en alliant rigueur scien­ti­fi­que et moder­nité.

  Oubliés de l’Histoire ? Quand des lycéens font revi­vre la mémoire d’un camp d’inter­ne­ment, par Vanina GASLY

Au-delà de ses mis­sions tra­di­tion­nel­les, un ser­vice d’archi­ves peut par­fois deve­nir une inter­face pri­vi­lé­giée pour mettre en lumière un pan d’his­toire locale méconnu. Plutôt que de tra­vailler seul, il appa­raît alors plus cons­truc­tif de certes recher­cher des col­la­bo­ra­tions avec ses inter­lo­cu­teurs habi­tuels, mais aussi d’inté­grer des dis­po­si­tifs où des par­te­nai­res moti­vés sau­ront enri­chir le projet. C’est ainsi que le ser­vice des archi­ves de la com­mu­nauté d’agglo­mé­ra­tion Seine-Eure (Normandie), avec le concours de neuf lycéens issus de l’éducation prio­ri­taire et de leurs ensei­gnants, a com­mencé un tra­vail de mémoire autour du camp d’inter­ne­ment de Tsiganes qui a existé à Louviers (Eure) durant la Seconde Guerre mon­diale. Commémoration offi­cielle, confé­rence, dos­sier péda­go­gi­que, mais sur­tout publi­ca­tion d’un livret inédit, où se côtoient sans dis­tinc­tion textes d’his­to­riens et d’élèves : au tra­vers de toutes ces actions, et sur­tout grâce à l’impli­ca­tion de jeunes gens fiers de par­ti­ci­per à un tel projet, c’est un épisode dou­lou­reux et peu connu de l’his­toire de la com­mu­nauté tsi­gane qui a ainsi été porté à la connais­sance du plus grand nombre.

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