La Gazette des archives

N°265 Publication

Archives et engagement

n° 265 (2022-1)

Collecte

Communication

Conservation

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Premier numéro de l'abonnement 2022
ISSN : 0016-5522
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Lors du forum « Archives et transparence » de Saint-Etienne en avril 2019, un nouveau regard s’est posé sur les archives et les archivistes : celui de leur rôle dans la société, consistant à garantir davantage de transparence dans l’action publique. Lorsqu’on interroge ce rôle, il apparaît en creux que les choix de collecte, de tri, de conservation… ne sont pas anodins mais engagent celui qui les prend, non seulement au regard de ses contemporains mais aussi des générations à venir. Mais les archivistes se perçoivent-ils comme exerçant une profession engagée ? Considèrent-ils leurs gestes professionnels au prisme de ce concept ?
Pour poursuivre cette réflexion, cette Gazette des archives interroge la notion d’engagement au travers du regard de jeunes archivistes, qui forment la majorité des auteurs des articles que vous trouverez dans ce numéro. Chez certains, l’engagement est préalable à l’exercice du métier. Pour d’autres, il s’agit d’un engagement professionnel. Une nouvelle question se pose alors : est-ce l’engagement qui fait l’archiviste ou l’archiviste qui fait l’engagement ?

Ce numéro a été piloté par Myriam Favreau, Françoise Hiraux et Mia Viel, sur une idée originale et avec le soutien de Céline Guyon.

SOMMAIRE

Le cadre ins­ti­tu­tion­nel comme vec­teur d’enga­ge­ment

 Les archi­ves savoyar­des et leur rôle dans la cons­truc­tion iden­ti­taire natio­nale et locale (1860-1892), par Clarisse MARGUERETTAZ

 Archiviste d’après-guerre, archi­viste enga­gé·e ? L’exem­ple des comi­tés d’his­toire inter­mi­nis­té­riels, par Agnès ARENDO

 ATD Quart Monde et la mémoire de la grande pau­vreté, des enga­ge­ments plu­riels, par Loïc BESNARD

 Identifier les archi­ves que l’on ne col­lecte pas. L’exem­ple des archi­ves publi­ques de l’immi­gra­tion en Île-de-France, par Pierre MARCHANDIN

 Archives, patri­moine et enga­ge­ments. Réflexions autour de trois situa­tions vécues et obser­vées, par Christian HOTTIN

Faire des archi­ves une affaire per­son­nelle : de l’enga­ge­ment au mili­tan­tisme

 Les asso­cia­tions de for­ma­tions uni­ver­si­tai­res : formes d’enga­ge­ments d’étudiants et de jeunes archi­vis­tes des années 2000 à nos jours, par Mia VIEL

 De média­teur de la donnée à écologiste de la donnée ? L’archi­viste et les bases de don­nées natu­ra­lis­tes, par Guillaume MORTIER

 Poursuite d’une lutte par l’archive. Le cas du mili­tan­tisme anti­nu­cléaire alsa­cien, par Chloé MERTZ

 Identité mili­tante, pra­ti­que et normes archi­vis­ti­ques : le cas des Instituts CGT d’his­toire sociale fédé­raux depuis 1982, par Rachel GUÉRIN

 Le Carhif-AVG (Bruxelles) : un centre d’archi­ves en appui des mou­ve­ments des femmes, par Els FLOUR

 Pourquoi une socio­lo­gie du savoir archi­vis­ti­que est-elle néces­saire aujourd’hui ?, par Mathilde SERGENT-MIREBAULT

 Les archi­ves de la lutte anti-sida. Témoignage d’une jeune archi­viste enga­gée chez AIDES, asso­cia­tion com­mu­nau­taire de lutte contre le VIH/sida et les hépa­ti­tes vira­les, par Morgane VANEHUIN

RÉSUMÉS DES ARTICLES

Le cadre ins­ti­tu­tion­nel comme vec­teur d’enga­ge­ment

 Les archi­ves savoyar­des et leur rôle dans la cons­truc­tion iden­ti­taire natio­nale et locale (1860-1892), par Clarisse MARGUERETTAZ

À tra­vers l’étude de la créa­tion des Archives dépar­te­men­ta­les de la Haute-Savoie et de la Savoie en 1860, cet arti­cle tente de décrire les enjeux archi­vis­ti­ques pro­pres aux pério­des de tran­si­tion admi­nis­tra­tive. Il montre aussi qu’au-delà des enjeux patri­mo­niaux, les archi­ves recou­vrent aussi
des enjeux iden­ti­tai­res et diplo­ma­ti­ques. Si 1860 marque le rat­ta­che­ment de l’ancien duché de Savoie à la France, cette deuxième moitié de XIXe siècle est aussi affec­tée par le ren­for­ce­ment des natio­na­lis­mes euro­péens et l’essor de la dis­ci­pline his­to­ri­que. L’enjeu de cet arti­cle est de com­pren­dre com­ment ce triple contexte influe sur la manière de voir et de trai­ter les archi­ves savoyar­des. Les inté­rêts locaux et natio­naux se ren­contrent autour de cette ques­tion : à tra­vers la mise en oeuvre des inven­tai­res détaillés et la contri­bu­tion au Musée des Archives dépar­te­men­ta­les, les archi­vis­tes ser­vent la cons­truc­tion de la « grande patrie » ; à tra­vers l’écriture de l’his­toire locale et la par­ti­ci­pa­tion aux socié­tés savan­tes, ils ser­vent la cons­truc­tion de la « petite patrie ». C’est fina­le­ment autour de la reven­di­ca­tion pour le retour des archi­ves savoyar­des conser­vées à Turin que ces inté­rêts, a priori anta­go­nis­tes, conver­gent.

 Archiviste d’après-guerre, archi­viste enga­gé·e ? L’exem­ple des comi­tés d’his­toire inter­mi­nis­té­riels, par Agnès ARENDO

Les comi­tés d’his­toire inter­mi­nis­té­riels char­gés de l’étude et de la col­lecte des archi­ves de la Seconde Guerre mon­diale sont créés à des fins mémo­riel­les et de recher­che. L’objec­tif pre­mier est de garder une trace écrite de la mémoire de celles et ceux qui n’en ont pas, en raison du carac­tère clan­des­tin de leur lutte ou de leur statut, afin de mener à bien des recher­ches ulté­rieu­res. Ces comi­tés, cons­ti­tués d’un per­son­nel diver­si­fié, sont com­po­sés en majo­rité de mem­bres de l’ensei­gne­ment et de la recher­che, mais également d’archi­vis­tes. Une méthode de col­lecte est mise en place et les résul­tats de cette der­nière sont consé­quents. Les archi­vis­tes sont au coeur de cette démar­che, en tant que mem­bres, mais également en tant qu’inter­lo­cu­teur·i­ces avec les ser­vi­ces d’archi­ves char­gés de conser­ver les archi­ves des comi­tés. Afin de pré­ser­ver et d’assu­rer la mémoire des per­son­nes invi­si­bi­li­sées pen­dant la Seconde Guerre mon­diale, cet enga­ge­ment, tant d’un point de vue mili­tant que pour inves­tir une démar­che archi­vis­ti­que nou­velle, nous pousse à nous inter­ro­ger sur l’objec­tif de notre pro­fes­sion. N’est-elle pas enga­gée en soi ?

 ATD Quart Monde et la mémoire de la grande pau­vreté, des enga­ge­ments plu­riels, par Loïc BESNARD

Depuis la créa­tion d’ATD Quart Monde en 1957, son fon­da­teur Joseph Wresinski a cons­tam­ment incité les mem­bres du mou­ve­ment à créer et pré­ser­ver les archi­ves qui cons­ti­tuent l’his­toire de la grande pau­vreté. L’impli­ca­tion des équipes pro­duc­tri­ces à tra­vers le monde pour les trans­met­tre résulte de sa volonté de rendre visi­bles et de repré­sen­ter les popu­la­tions les plus dému­nies. Depuis 2007, le Centre de mémoire et de recher­che Joseph Wresinski (CJW) col­lecte, classe, conserve et com­mu­ni­que à Baillet-en-France (Val-d’Oise) un fonds patri­mo­nial unique de 2,5 km d’archi­ves papier et 70 To de docu­ments numé­ri­ques. Il témoi­gne de l’his­toire des per­son­nes en situa­tion d’extrême pau­vreté ainsi que des luttes et réflexions menées par le mou­ve­ment depuis sa créa­tion. Sur demande et sous condi­tions, le CJW donne accès à ces docu­ments d’une grande richesse (écrits de Joseph Wresinski, témoi­gna­ges des per­son­nes, dos­siers d’actions, études, repor­ta­ges pho­to­gra­phi­ques, films, pro­duc­tions artis­ti­ques). Les uti­li­sa­teurs se com­po­sent des mem­bres du mou­ve­ment, de cher­cheurs, d’uni­ver­si­tai­res, de jour­na­lis­tes ainsi que de per­son­nes issues de la grande pau­vreté. À l’ori­gine de par­te­na­riats avec des his­to­riens et des cher­cheurs, les archi­ves ali­men­tent des tra­vaux dans de nom­breux domai­nes, et cons­ti­tuent un outil de for­ma­tion et de mobi­li­sa­tion pour la société et la jeu­nesse. Quelles sont les dif­fé­ren­tes formes d’enga­ge­ment d’ATD Quart Monde pour ses archi­ves ? L’ini­tia­tive (…) com­ment le mou­ve­ment a pro­longé son action. Dans son retour d’expé­rience, l’archi­viste pro­fes­sion­nel témoi­gne de son impli­ca­tion au sein d’une asso­cia­tion qui milite pour mobi­li­ser la société contre la grande pau­vreté comme de sa volonté de trans­met­tre des bonnes pra­ti­ques archi­vis­ti­ques.

 Identifier les archi­ves que l’on ne col­lecte pas. L’exem­ple des archi­ves publi­ques de l’immi­gra­tion en Île-de-France, par Pierre MARCHANDIN

Le cons­tat selon lequel cer­tains phé­no­mè­nes his­to­ri­ques ou grou­pes sociaux sont peu repré­sen­tés dans les archi­ves publi­ques est ancien. Il est à l’ori­gine de la mise en place de col­lec­tes d’archi­ves pri­vées rem­plis­sant les insuf­fi­san­ces de la docu­men­ta­tion publi­que col­lec­tée. Toutefois, la col­lecte en elle-même est une opé­ra­tion qui n’est pas neutre, et peut abou­tir pour diver­ses rai­sons à la non-col­lecte de docu­ments qui pour­raient docu­men­ter l’his­toire des popu­la­tions et des ter­ri­toi­res dans les­quels les ser­vi­ces publics d’archi­ves s’ins­cri­vent. Les archi­vis­tes s’enga­gent alors pour cor­ri­ger ces biais, en établissant le bilan des col­lec­tes menées, et en réo­rien­tant au besoin leurs pra­ti­ques. En Île-de-France, les huit ser­vi­ces d’archi­ves dépar­te­men­ta­les se sont accor­dés pour effec­tuer un bilan de la col­lecte des archi­ves publi­ques de l’immi­gra­tion, afin d’iden­ti­fier la nature des docu­ments bien pré­sents dans leurs dépôts à l’issue de ces opé­ra­tions de col­lecte, mais aussi ceux qui en sont absents, et qui gagne­raient à être col­lec­tés pour mieux docu­men­ter un sujet tou­chant l’his­toire per­son­nelle d’un habi­tant de la région sur cinq.

 Archives, patri­moine et enga­ge­ments. Réflexions autour de trois situa­tions vécues et obser­vées, par Christian HOTTIN

On pro­pose dans cet arti­cle d’étudier dif­fé­ren­tes formes pos­si­bles d’enga­ge­ment des pro­fes­sion­nels du patri­moine et des archi­ves. Après avoir tenté de qua­li­fier les traits spé­ci­fi­ques de l’enga­ge­ment des pro­fes­sion­nels du patri­moine, et notam­ment des archi­vis­tes, sont envi­sa­gés trois cas de figure : l’expé­rience de la col­lecte des archi­ves d’entre­pri­ses, des mou­ve­ments sociaux et des archi­tec­tes au Archives natio­na­les du monde du tra­vail de Roubaix, la pos­ture de « recher­che impli­quée » et par­ti­ci­pa­tive des eth­no­lo­gues oeu­vrant au sein du minis­tère de la culture et les choix opérés par les futurs conser­va­teurs du patri­moine au moment de choi­sir le nom de leur pro­mo­tion.

Faire des archi­ves une affaire per­son­nelle : de l’enga­ge­ment au mili­tan­tisme

 Les asso­cia­tions de for­ma­tions uni­ver­si­tai­res : formes d’enga­ge­ments d’étudiants et de jeunes archi­vis­tes des années 2000 à nos jours, par Mia VIEL

Les asso­cia­tions étudiantes et de jeunes pro­fes­sion­nels issus de for­ma­tions uni­ver­si­tai­res se défi­nis­sent autant par des objec­tifs de pro­mo­tion que de défense de leur pro­fes­sion, tout en cher­chant à peser sur les poli­ti­ques et réfor­mes liées au monde des archi­ves. En ce sens, leur portée est tout aussi impor­tante que celle des asso­cia­tions pro­fes­sion­nel­les dans le pay­sage asso­cia­tif tourné vers les archi­ves. S’inter­ro­geant sur les dif­fé­ren­tes formes d’enga­ge­ment des asso­cia­tions uni­ver­si­tai­res en archi­vis­ti­que, l’enjeu de cet arti­cle est d’ana­ly­ser leurs modes d’inte­rac­tion. Comment les étudiants et jeunes diplô­més sont-ils par­ve­nus à faire porter leur voix au niveau natio­nal ? Comment les rela­tions inte­ras­so­cia­ti­ves ont-elles évolué depuis leurs pre­miè­res ébauches et où en sommes-nous ? En se foca­li­sant sur un échantillon d’une dizaine d’asso­cia­tions ainsi que sur des pro­jets tels que le Collectif A8, le Projet inte­ras­so­cia­tif d’orga­ni­sa­tion d’une jour­née d’étude ou Le Fonds de l’archive, cet arti­cle tente de mesu­rer l’impact de ces col­la­bo­ra­tions et les enjeux qu’ils met­tent en lumière.

 De média­teur de la donnée à écologiste de la donnée ? L’archi­viste et les bases de don­nées natu­ra­lis­tes, par Guillaume MORTIER

Les bases de don­nées natu­ra­lis­tes sont ali­men­tées dans le but de four­nir une matière pour la recher­che scien­ti­fi­que et déter­mi­ner des poli­ti­ques publi­ques pour la conser­va­tion de la bio­di­ver­sité. Bien que par­ti­ci­pan­tes, les asso­cia­tions de pro­tec­tion de la nature et de l’envi­ron­ne­ment décrient une stan­dar­di­sa­tion de la donnée dans un monde où l’infor­ma­tion s’échange à grande échelle. L’archi­viste, par ses com­pé­ten­ces, peut-il inter­ve­nir dans ce domaine
et quel­les solu­tions peut-il appor­ter ?

 Poursuite d’une lutte par l’archive. Le cas du mili­tan­tisme anti­nu­cléaire alsa­cien, par Chloé MERTZ

Cet arti­cle permet à l’autrice d’aller à la pour­suite de ses réflexions uni­ver­si­tai­res sur les logi­ques de col­lecte et de conser­va­tion mili­tante à partir des don­nées col­lec­tées dans le cadre d’un mémoire de recher­che à l’ENSSIB. Sous le prisme archi­vis­ti­que, il s’agit d’envi­sa­ger la conti­nuité d’une lutte dans ses écrits, ses traces et sa mémoire. La ques­tion du patri­moine mili­tant est inter­ro­gée en oppo­si­tion aux pro­ces­sus ins­ti­tu­tion­nels.

 Identité mili­tante, pra­ti­que et normes archi­vis­ti­ques : le cas des Instituts CGT d’his­toire sociale fédé­raux depuis 1982, par Rachel GUÉRIN

Cet arti­cle pré­sente l’adap­ta­tion des pra­ti­ques et normes archi­vis­ti­ques dans le cadre de l’acti­vité mili­tante, et plus par­ti­cu­liè­re­ment à tra­vers une étude des usages au sein de fédé­ra­tions de la Confédération géné­rale du tra­vail (CGT). Cinq d’entre elles se sont en effet dotées d’un Institut d’his­toire sociale (IHS), dont les objec­tifs sont de pré­ser­ver et de valo­ri­ser la mémoire du mili­tan­tisme syn­di­cal, tout en favo­ri­sant un tra­vail scien­ti­fi­que sur l’his­toire de ces fédé­ra­tions. Ces IHS légi­ti­ment et accrois­sent le tra­vail effec­tué sur les archi­ves, notam­ment en pro­fes­sion­na­li­sant leur ges­tion par le per­son­nel consa­cré à cette mis­sion. Cet arti­cle montre les apports d’un mémoire de recher­che qui a béné­fi­cié du sou­tien de l’Association des archi­vis­tes finan­ciers. Ce tra­vail uni­ver­si­taire est ici pré­senté en trois par­ties qui appro­fon­dis­sent l’arti­cu­la­tion entre ethos mili­tant et normes archi­vis­ti­ques, la réflexion des pro­fes­sion­nel·­les sur les archi­ves cou­ran­tes et inter­mé­diai­res, et, enfin, le rôle des archi­ves dans la bataille idéo­lo­gi­que. Ce mémoire repose en partie sur une enquête orale, conduite à des­ti­na­tion des archi­vis­tes des cinq fédé­ra­tions, mais aussi de deux pré­si­dents d’IHS.

 Le Carhif-AVG (Bruxelles) : un centre d’archi­ves en appui des mou­ve­ments des femmes, par Els FLOUR

Le Carhif ouvre ses portes en 1995 à Bruxelles. Vingt-sept ans après sa créa­tion, ses col­lec­tions en font un centre reconnu et incontour­na­ble pour la recher­che en his­toire des femmes et du genre. Son finan­ce­ment, qui pro­vient de la poli­ti­que fédé­rale d’égalité des chan­ces, scelle d’emblée un lien fort avec le fémi­nisme d’État. Sa direc­tion, qui est confiée quasi exclu­si­ve­ment à des his­to­rien·­nes des dif­fé­ren­tes uni­ver­si­tés belges, fonde la connexion avec le milieu aca­dé­mi­que. Sa loca­li­sa­tion crée un lien avec le mou­ve­ment asso­cia­tif puisqu’il s’établit dans le nou­veau centre Amazone à Bruxelles qui offre un héber­ge­ment à une ving­taine d’asso­cia­tions fémi­ni­nes et fémi­nis­tes. Le Carhif s’ins­crit dans une démar­che patri­mo­niale et scien­ti­fi­que, mais aussi mili­tante : il mobi­lise l’his­toire des femmes pour lutter contre les sté­réo­ty­pes et sen­si­bi­li­ser à l’égalité des sexes. Plusieurs expo­si­tions, publi­ca­tions et dos­siers péda­go­gi­ques témoi­gnent de cette volonté. Récemment, le projet par­ti­ci­pa­tif « 50 ans de mémoire fémi­niste » a sti­mulé des inte­rac­tions enri­chis­san­tes entre le Carhif et les pro­duc­tri­ces d’archi­ves des années 1970 à nos jours. Comme beau­coup de cen­tres d’archi­ves, le Carhif ren­contre aussi des défis et doit repen­ser son fonc­tion­ne­ment au rythme des chan­ge­ments dans le monde asso­cia­tif qu’il appuie dans la conser­va­tion de son passé.

 Pourquoi une socio­lo­gie du savoir archi­vis­ti­que est-elle néces­saire aujourd’hui ?, par Mathilde SERGENT-MIREBAULT

Sur l’envers des archi­ves, il faut appren­dre à écouter le bruit de l’ate­lier, celui des ser­vi­ces d’archi­ves où une mul­ti­tude d’actri­ces et d’acteurs du patri­moine tra­vaillent quo­ti­dien­ne­ment pour conser­ver ces traces signi­fian­tes de notre société. À l’époque des archi­ves nati­ve­ment numé­ri­ques et de leur consul­ta­tion sur Internet par une variété de publics, l’ensem­ble du per­son­nel des archi­ves déploie à chaque échelle du ter­ri­toire des métho­des, des tech­ni­ques et de nou­veaux savoir-faire afin de conti­nuer de trans­met­tre les archi­ves dans la durée. À partir d’une enquête au sein d’un ser­vice d’archi­ves dépar­te­men­ta­les, nous avons observé com­ment le numé­ri­que affec­tait l’envi­ron­ne­ment pro­fes­sion­nel mais aussi com­ment il modi­fiait le rap­port au sens, à l’autre ou encore au passé. Notre recher­che s’ins­crit dans cette actua­lité vive où le savoir archi­vis­ti­que est en pleine muta­tion avec l’arri­vée du numé­ri­que. Faire une socio­lo­gie du savoir archi­vis­ti­que consiste à orien­ter notre focale sur ces pro­fes­sion­nel·­les qui cons­trui­sent aujourd’hui un édifice patri­mo­nial com­plexe, cons­ti­tué d’une variété de sour­ces, du papier au numé­ri­que.

 Les archi­ves de la lutte anti-sida. Témoignage d’une jeune archi­viste enga­gée chez AIDES, asso­cia­tion com­mu­nau­taire de lutte contre le VIH/sida et les hépa­ti­tes vira­les, par Morgane VANEHUIN

Tôt dans son his­toire, AIDES s’est inté­res­sée au deve­nir de ses archi­ves. Depuis, cette asso­cia­tion his­to­ri­que de la lutte contre le VIH/sida et les hépa­ti­tes vira­les se dote len­te­ment d’une fonc­tion archi­ves, péren­ni­sée depuis 2018 seu­le­ment. La confron­ta­tion entre les connais­san­ces archi­vis­ti­ques acqui­ses à l’uni­ver­sité et les réa­li­tés du tra­vail au sein de l’asso­cia­tion amène à réin­ter­ro­ger sa propre pra­ti­que pro­fes­sion­nelle. Il appa­raît ainsi néces­saire de repla­cer la démar­che com­mu­nau­taire au cœur même de la fonc­tion archi­ves.

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