Les projets des Archives de l’Assemblée nationale pour le centenaire de la Grande Guerre

Intervention présentée lors de la journée d’étude du 27 novembre 2012 de la section archives des administrations centrales à Paris

lundi 17 décembre 2012
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Les pro­jets des Archives de l’Assemblée natio­nale pour le cen­te­naire de la Grande Guerre
Association des archi­vis­tes fran­çais - 27 novem­bre 2012

Cette inter­ven­tion vise à pré­sen­ter le projet de célé­bra­tion du cen­te­naire de la Première Guerre mon­diale, élaboré par la divi­sion des Archives de l’Assemblée natio­nale, dont l’astrin­gent est une opé­ra­tion de numé­ri­sa­tion des archi­ves des com­mis­sions de la Chambre des dépu­tés entre 1910 et 1919, en vue de leur mise en ligne. Sera d’abord évoquée la genèse du projet, puis dans un second temps la mise en œuvre de la numé­ri­sa­tion. Enfin, il sera ques­tion des autres actions de valo­ri­sa­tion envi­sa­gées aux Archives de l’Assemblée natio­nale, afin de com­mé­mo­rer la Grande Guerre.

1. La genèse du projet

Une entre­prise col­la­bo­ra­tive
Le projet des Archives de l’Assemblée natio­nale a été élaboré dans un contexte géné­ral de pré­pa­ra­tion des com­mé­mo­ra­tions de la Première Guerre mon­diale. Il s’ins­crit notam­ment dans la lignée d’Europeana Collections 1914-1918, vaste projet de numé­ri­sa­tion asso­ciant dix biblio­thè­ques dans huit pays euro­péens, comme la Staatsbibliothek zu Berlin, la Bibliothèque natio­nale de France, la Bibliothèque natio­nale et uni­ver­si­taire de Strasbourg ou la British Library. Ce projet s’ins­crit aussi dans le pro­gramme com­mé­mo­ra­tif offi­ciel du cen­te­naire de la Première Guerre, porté par un grou­pe­ment inter­mi­nis­té­riel qui asso­cie entre autres les minis­tè­res de la Défense et de la Culture, les col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­ria­les de l’ancienne ligne de front et cer­tains cen­tres ou comi­tés d’his­toire.

Dans un souci de cohé­rence, la démar­che des Archives de l’Assemblée natio­nale, qui a débuté au prin­temps 2010, a été menée dans la lignée de celle du Sénat, qui a réa­lisé de son côté un tra­vail de res­tau­ra­tion et de numé­ri­sa­tion des archi­ves des com­mis­sions par­le­men­tai­res de la période, en vue de leur mise en ligne. Le Sénat a également fait numé­ri­ser à des fins de valo­ri­sa­tion, les Journaux offi­ciels des débats, les rap­ports et les tables ana­ly­ti­ques des années 1914 à 1920.

La divi­sion des Archives de l’Assemblée natio­nale a cons­truit ce projet avec les Archives natio­na­les, a qui ont été ver­sées les archi­ves légis­la­ti­ves anté­rieu­res à 1997. Afin de mener à bien l’opé­ra­tion de numé­ri­sa­tion, il a fallu opérer un rapa­trie­ment des boîtes issues de la série C vers les locaux de l’Assemblée natio­nale. En contre­par­tie du prêt de ces docu­ments, la divi­sion des Archives s’est enga­gée à rédi­ger un ins­tru­ment de recher­che conforme aux normes de des­crip­tion, à recondi­tion­ner les docu­ments et à four­nir aux Archives natio­na­les les copies des vues des docu­ments numé­ri­sés.

La défi­ni­tion du projet
Toujours au prin­temps 2010, une sélec­tion de docu­ments for­mant un ensem­ble cohé­rent et cou­vrant la période 1913-1919 a été effec­tuée par les trois archi­vis­tes de l’Assemblée natio­nale ainsi que par Marc Béclère, admi­nis­tra­teur-adjoint de la divi­sion également en charge du projet. Un dépla­ce­ment dans les maga­sins du Maris à l’automne 2010 a permis de réa­li­ser des son­da­ges afin de connaî­tre l’état des docu­ments et de véri­fier la per­ti­nence de la sélec­tion.

À ce stade, trois cents car­tons d’archi­ves avaient été inclus dans le lot à numé­ri­ser. L’impor­tante volu­mé­trie de ces docu­ments, ainsi que son état maté­riel ont conduit l’équipe de la divi­sion des Archives à ré-esti­mer la charge de tra­vail induite par le projet et à res­trein­dre le péri­mè­tre des docu­ments concer­nés. C’est ainsi qu’à l’automne 2010 le projet de numé­ri­sa­tion a été limité aux tra­vaux des com­mis­sions en lien direct avec le conflit, soit une cin­quan­taine de car­tons repré­sen­tant une dizaine de mètres linéai­res. Décision a aussi été prise de ne pas numé­ri­ser la tota­lité des boîtes com­mu­ni­quées, mais de sélec­tion­ner les docu­ments « pro­bants » tels que les procès-ver­baux, rap­ports et notes des com­mis­sions. Ont notam­ment été numé­ri­sés les tra­vaux des com­mis­sions de l’Armée pour la période 1910-1919, ainsi que ceux de la com­mis­sion du Budget pour les années 1910 à 1914. Ainsi, la tran­che chro­no­lo­gi­que des docu­ments à valo­ri­ser (1910-1919) s’est élargie au fil du projet, notam­ment parce que les débats en com­mis­sions ont été très four­nis pour la période anté­rieure au déclen­che­ment du conflit.

Les archi­ves de la com­mis­sion des Affaires étrangères n’ont pas été inclu­ses dans la sélec­tion, car elles n’ont jamais été ver­sées aux Archives natio­na­les mais n’ont pas non plus été retrou­vées à l’Assemblée natio­nale. La divi­sion des Archives n’a pas non plus sélec­tionné les tra­vaux des com­mis­sions mixtes de l’époque, dont très peu de docu­ments ont été conser­vés.

Un calen­drier dif­fi­cile à tenir
Dès l’automne 2010, un calen­drier géné­ral du projet a été mis en place et soumis aux Archives natio­na­les. Le trans­fert des car­tons a été frac­tionné en quatre lots, de manière à limi­ter les res­tric­tions de com­mu­ni­ca­tion des docu­ments. Les boites, une fois ana­ly­sées et recondi­tion­nées, étaient ren­voyées aux Archives natio­na­les. Par la suite, seuls les car­tons conte­nant des docu­ments à numé­ri­ser reve­naient à la divi­sion des Archives de l’Assemblée natio­nale afin d’être envoyés chez le pres­ta­taire de numé­ri­sa­tion. Cette orga­ni­sa­tion impo­sée par les Archives natio­na­les, n’a pas été simple à mettre en œuvre. En tout, il y a eu cinq aller-retour de docu­ments entre les Archives natio­na­les et l’Assemblée natio­nale, sans comp­ter les dépla­ce­ments des archi­vis­tes dans le Marais afin d’effec­tuer des recher­ches com­plé­men­tai­res.

La rédac­tion du réper­toire numé­ri­que détaillé, le recondi­tion­ne­ment des archi­ves et la des­crip­tion dans un fichier de réco­le­ment des vues à numé­ri­ser ont débuté en jan­vier 2011, dès la livrai­son du pre­mier lot de car­tons. Les trois archi­vis­tes tra­vaillant sur ce projet étant très pris par leurs tâches quo­ti­dien­nes (qui vont de la col­lecte à la valo­ri­sa­tion des archi­ves de l’Assemblée natio­nale, en pas­sant par le clas­se­ment, la conser­va­tion et la com­mu­ni­ca­tion), ont rapi­de­ment fait le cons­tat de l’impos­si­bi­lité de mener de front le projet Première Guerre mon­diale, en plus de leurs mis­sions.

En février 2011 a donc été défen­due l’idée de recru­ter un archi­viste contrac­tuel chargé du projet de com­mé­mo­ra­tion de la Première Guerre mon­diale. C’est ainsi que Patrice Denis, archi­viste et actuel « res­pon­sa­ble » du projet, est arrivé au mois d’octo­bre 2011. A partir de cette date, le tra­vail sur le projet ne s’est plus effec­tué en poin­tillé, mais à temps plein.

2. La numé­ri­sa­tion des archi­ves des com­mis­sions de la Chambre des dépu­tés (1910-1919)

La rédac­tion d’un ins­tru­ment de recher­che et le recondi­tion­ne­ment
La sélec­tion des archi­ves à numé­ri­ser a été établie sur le fon­de­ment d’un ins­tru­ment de recher­che trans­mis par les Archives natio­na­les. Ce réper­toire très som­maire, établi à la suite du ver­se­ment en 1965 de docu­ments, ne res­pec­tait pas les normes archi­vis­ti­ques actuel­les et pré­sen­tait d’impor­tan­tes dif­fi­cultés d’exploi­ta­tion. Préalablement à la numé­ri­sa­tion des archi­ves, l’équipe de l’Assemblée natio­nale a donc entamé l’élaboration d’un ins­tru­ment de recher­che res­pec­tueux de la norme inter­na­tio­nale de des­crip­tion archi­vis­ti­que ISAD-G, por­tant sur les cin­quante car­tons sélec­tion­nés.

Il a été dif­fi­cile de faire tota­le­ment abs­trac­tion de l’ins­tru­ment de recher­che ori­gi­nel, notam­ment parce qu’il avait été convenu avec les Archives natio­na­les d’en conser­ver la struc­ture. Ainsi, le réper­toire numé­ri­que détaillé élaboré peut-il encore témoi­gner d’une cer­taine com­plexité puisqu’il décrit des archi­ves cotées à la boîte -dont les conte­nus ne sont pas tou­jours cohé­rents- et non à l’arti­cle. C’est pour­quoi la divi­sion des Archives a envi­sagé de réa­li­ser, dans un second temps, un réper­toire métho­di­que afin de faci­li­ter la lec­ture et l’accès à l’infor­ma­tion. Lorsqu’il sera réa­lisé, ce réper­toire pourra être mis à la dis­po­si­tion des cher­cheurs sur le site Internet des Archives de l’Assemblée natio­nale.

La divi­sion des Archives étant dépour­vue de logi­ciel de ges­tion au moment où le projet de valo­ri­sa­tion a été com­mencé, les Archives natio­na­les ont fourni leur outil SOSIE, feuille de style Open Office per­met­tant la struc­tu­ra­tion des ins­tru­ments de recher­che et leur conver­sion en XML-EAD, afin que le réper­toire pro­duit puisse être mis en ligne dans la salle vir­tuelle des inven­tai­res.

Les docu­ments conte­nus dans les cin­quante car­tons ont fait l’objet d’un impor­tant recondi­tion­ne­ment, exé­cuté par la divi­sion des Archives de l’Assemblée natio­nal, avec l’appui scien­ti­fi­que des Archives natio­na­les, qui ont fourni tout le maté­riel néces­saire. Agrafes, trom­bo­nes et autres atta­ches ont bien entendu été enle­vés. Les clas­seurs en bois ont été rem­pla­cés par des pochet­tes neu­tres aux dimen­sions adap­tées. Les boîtes cau­chard ont été chan­gées si néces­saire et des mous­ses ins­tal­lées dans les car­tons pour caler les dos­siers.

Les tra­vaux d’ana­lyse et de recondi­tion­ne­ment n’ont pas été faci­li­tés par la livrai­son en quatre lots des boîtes sélec­tion­nées. Cette phase du projet a été plus longue que prévue, mais les rela­tions excel­len­tes entre­te­nues avec les cor­res­pon­dants des Archives natio­na­les ont gran­de­ment faci­lité les choses.

La pré­pa­ra­tion de la numé­ri­sa­tion
Parallèlement au tra­vail de des­crip­tion et de recondi­tion­ne­ment, la divi­sion des Archives de l’Assemblée natio­nale a pré­paré la numé­ri­sa­tion des docu­ments sélec­tion­nés.

L’opé­ra­tion de numé­ri­sa­tion s’est concen­trée sur les procès-ver­baux de séan­ces de com­mis­sions par­le­men­tai­res et sur les rap­ports pré­sen­tés lors de ces réu­nions. Les tra­vaux des com­mis­sions de l’Armée (1910-1919) et du Budget (1910-1914) ont été placés au cœur du projet. Ont aussi été sélec­tion­nés les tra­vaux des com­mis­sions des Crédits (1910-1914), des Comptes défi­ni­tifs (1910-1914), de la Marine (1910-1919), du Ravitaillement et des réqui­si­tions (1918-1919) et enfin les tra­vaux de la com­mis­sion char­gée de l’examen du projet de loi auto­ri­sant le gou­ver­ne­ment jusqu’à la ces­sa­tion des hos­ti­li­tés à pren­dre toutes les mesu­res com­man­dées par les néces­si­tés de la défense natio­nale (1916-1917).

Ces docu­ments étaient répar­tis dans vingt-huit car­tons. Ils ont été numé­ro­tés et un fichier de réco­le­ment détaillant la des­crip­tion intel­lec­tuelle et phy­si­que des dos­siers à numé­ri­ser a été réa­lisé. Un impor­tant tra­vail de col­lecte d’infor­ma­tions a été néces­saire, afin de lister pour chaque pièce son type de docu­ments (feuillets, regis­tres), son format, son sup­port, son état maté­riel, le type d’encre employé, la pré­sence de pliu­res et retom­bes, ou encore d’inser­tion de feuilles agra­fées, col­lées ou épinglées. Le choix a été fait de numé­ri­ser en vues sim­ples, ce qui repré­sente envi­ron 33 600 vues.

La rédac­tion et le suivi du marché
La démar­che de rédac­tion d’un cahier des char­ges en vue de la réa­li­sa­tion d’une pres­ta­tion de ser­vi­ces de numé­ri­sa­tion a été enta­mée par les archi­vis­tes fin février 2012, en col­la­bo­ra­tion avec la divi­sion des Marchés de l’Assemblée natio­nale. Un marché à pro­cé­dure adap­tée a été lancé en mai 2012, les offres étant remi­ses au plus tard début du mois sui­vant. Ces délais extrê­me­ment serrés ont été impo­sés en raison du plan­ning du démé­na­ge­ment des Archives natio­na­les vers le site de Pierrefitte-sur-Seine -les docu­ments devant ini­tia­le­ment être reve­nus défi­ni­ti­ve­ment aux Archives natio­na­les fin sep­tem­bre 2012-, mais également en raison de l’appro­che du début des com­mé­mo­ra­tions - l’action de com­mé­mo­ra­tion des Archives de l’Assemblée natio­nale com­men­çant dès 2013-. Six offres ont été récep­tion­nées et un pres­ta­taire a été sélec­tionné lors de la réu­nion de Questure du 3 juillet 2012. Les tra­vaux de numé­ri­sa­tion ont débuté mi-juillet 2012 et sont aujourd’hui en cours d’achè­ve­ment.

La divi­sion des Archives a effec­tué elle-même les contrô­les de cohé­rence et de qua­lité de l’inté­gra­lité des vues numé­ri­ques, tant lors des phases de test qu’en fin de phase de pro­duc­tion. Une for­ma­tion au contrôle avait été dis­pen­sée au préa­la­ble par le per­son­nel des Archives natio­na­les.

Désormais, l’Assemblée natio­nale se concen­tre sur la valo­ri­sa­tion des docu­ments numé­ri­sés, qui seront mis en ligne sur Internet. Au-delà de cette mise à dis­po­si­tion des procès-ver­baux des com­mis­sions de la Grande Guerre, d’autres fonds seront également mis à l’hon­neur.

3. Les autres pro­jets de valo­ri­sa­tion

La divi­sion des Archives de l’Assemblée natio­nale sou­haite valo­ri­ser cer­tains fonds d’archi­ves publics et privés qu’elle conserve, mais également la docu­men­ta­tion par­le­men­taire de l’époque. La volonté est de mettre l’accent sur le fonc­tion­ne­ment de la Chambre des dépu­tés en temps de guerre, mais aussi d’évoquer la vie quo­ti­dienne, tant du point de vue des dépu­tés que de celui des employés de la Chambre.

Les fonds publics
Parmi les archi­ves publi­ques conser­vées par la divi­sion des Archives, seront notam­ment valo­ri­sés des docu­ments pro­duits par le Secrétariat géné­ral de la Présidence et le Secrétariat géné­ral de la Questure pen­dant la Grande Guerre.

En 1914, l’admi­nis­tra­tion de la Chambre des dépu­tés se divise en ser­vi­ces légis­la­tifs et ser­vi­ces admi­nis­tra­tifs. Le secré­taire géné­ral de la Présidence assure et sur­veille le fonc­tion­ne­ment de tous les ser­vi­ces légis­la­tifs. Il est chargé entre autres tâches de la pré­pa­ra­tion du tra­vail rela­tif à la Présidence et de la tenue des séan­ces. Le secré­taire géné­ral de la Questure, quant à lui, assure et sur­veille le fonc­tion­ne­ment de tous les ser­vi­ces admi­nis­tra­tifs. Il cen­tra­lise les infor­ma­tions auprès des Questeurs, trois dépu­tés élus par leurs pairs en début de légis­la­ture, afin notam­ment de faire adop­ter les déci­sions rela­ti­ves au budget, au per­son­nel et aux locaux.

Les archi­ves his­to­ri­ques du Secrétariat géné­ral de la Présidence méri­tent d’être numé­ri­sées et valo­ri­sées, en par­ti­cu­lier les dos­siers rela­tifs aux réqui­si­tions mili­tai­res, aux dépu­tés pri­son­niers, aux dépu­tés et fonc­tion­nai­res morts au champ d’hon­neur, au séjour de la Chambre à Bordeaux en 1914, ou encore aux comi­tés secrets tenus entre 1916 et 1917.

Les archi­ves du Secrétariat géné­ral de la Questure, per­met­tent quant à elles de retra­cer le fonc­tion­ne­ment admi­nis­tra­tif de la Chambre des dépu­tés pen­dant la guerre, à tra­vers des notes, des rap­ports et de la cor­res­pon­dance. Il faut citer notam­ment les notes « Gatulle », du nom d’un employé de l’époque, Georges Gatulle, qui a rédigé dans des notes thé­ma­ti­ques un véri­ta­ble his­to­ri­que du fonc­tion­ne­ment de l’admi­nis­tra­tion de l’ins­ti­tu­tion par­le­men­taire depuis 1789. Certaines de ces notes sont de véri­ta­bles mines d’or pour les cher­cheurs, et cou­vrent la période rela­tive à la Première Guerre mon­diale. Ainsi, deux notes très détaillées sont consa­crées exclu­si­ve­ment aux dis­po­si­tions prises pen­dant le conflit, dont une revient sur le replie­ment des ser­vi­ces admi­nis­tra­tifs à Bordeaux entre sep­tem­bre et décem­bre 1914. Une troi­sième note, illus­trée de pho­to­gra­phies et de des­sins, détaille le trans­fert des cen­dres de Jean Jaurès au Panthéon en novem­bre 1924. Elle pourra être valo­ri­sée dès juillet 2014, au moment de la com­mé­mo­ra­tion du cen­te­naire de son assas­si­nat.

Les fonds privés
Le témoi­gnage fourni par les archi­ves publi­ques de la Grande Guerre sera com­plété par la valo­ri­sa­tion de fonds privés conser­vés par les Archives de l’Assemblée natio­nale.

Il faut citer en pre­mier lieu les car­nets de guerre de Maurice Bokanowski, qui ont très récem­ment fait l’objet d’un don à la divi­sion des Archives. Retraçant les sou­ve­nirs au quo­ti­dien d’un député-soldat, ces dix car­nets de petits for­mats appor­tent le témoi­gnage pas­sion­nant d’un député sié­geant au Palais-Bourbon -qui est même pré­sent à l’occa­sion des comi­tés secrets de 1916- tout en pre­nant part aux com­bats sur le front d’orient. C’est ce qu’on appelle le contrôle par­le­men­taire aux armées, mis en œuvre grâce à la réforme du règle­ment de la Chambre des dépu­tés de 1915.

Est également envi­sa­gée la valo­ri­sa­tion de cer­tains docu­ments issus du fonds Georges Bonnefous, député de la Seine-et-Oise entre 1910 et 1936, dont une partie des papiers a été donnée à l’Assemblée entre 2005 et 2007. On trouve d’inté­res­sants docu­ments rela­tifs à la Première Guerre mon­diale, notam­ment des notes manus­cri­tes prises lors des séan­ces de 1916 en comité secret. Une fois encore, le retour à l’usage des comi­tés secrets trouve son fon­de­ment dans la réforme du règle­ment de 1915.

La docu­men­ta­tion his­to­ri­que par­le­men­taire
Parallèlement aux fonds d’archi­ves, la divi­sion des Archives de l’Assemblée natio­nale sou­haite mettre à dis­po­si­tion d’un large public la docu­men­ta­tion par­le­men­taire de l’époque, en la numé­ri­sant et en la met­tant en ligne. Sont en cours de numé­ri­sa­tion, sous le contrôle des fonc­tion­nai­res de la divi­sion : les règle­ments de la Chambre des dépu­tés pour la période 1910-1919, et avant tout le règle­ment de 1915 qui a ins­ti­tué la nou­velle pro­cé­dure par­le­men­taire évoquée pré­cé­dem­ment ; les recueils des enga­ge­ments électoraux des élections de 1914 et de 1919, aussi nommés Barodet du nom du par­le­men­taire qui les a ins­ti­tués ; les Notices et por­traits des dépu­tés de l’époque : il s’agit de recueils de por­traits des élus, clas­sés par dépar­te­ment d’élection (1914-1919) ; les Feuilletons des années 1914 à 1919, qui regrou­pent les infor­ma­tions rela­ti­ves aux tra­vaux du jour ainsi qu’à la com­po­si­tion et aux acti­vi­tés des divers orga­nes de la Chambre ; le Journal offi­ciel des débats, qui publie les procès-ver­baux des séan­ces publi­ques, pour la période 1913-1919 ; les tables ana­ly­ti­ques et nomi­na­ti­ves des débats, sys­tème d’indexa­tion des débats en séance publi­que et de l’acti­vité des par­le­men­tai­res, pour les légis­la­tu­res 1910-1914 et 1914-1919 ; et enfin le Recueil des lois entre 1913 et 1919, publi­ca­tion interne des débats de la Chambre des dépu­tés.

Les pro­jets com­plé­men­tai­res
Enfin, le projet de com­mé­mo­ra­tion de la Première Guerre mon­diale impli­que de réac­tua­li­ser les bio­gra­phies des dépu­tés de la période, pro­po­sées sur le site Internet de l’Assemblée natio­nale et d’orga­ni­ser la refonte de nom­breux dos­siers thé­ma­ti­ques déjà réa­li­sés au sujet de la Grande Guerre. Une nou­velle ver­sion papier des bio­gra­phies, sera peut être également éditée. Un comité scien­ti­fi­que, com­posé notam­ment d’his­to­riens spé­cia­lis­tes de la période, sera mis à contri­bu­tion pour effec­tuer ce tra­vail.

Les archi­vis­tes de l’Assemblée natio­nale, quant à eux, exploi­tent actuel­le­ment les résul­tats de l’enquête menée auprès de nom­breux cen­tres d’archi­ves et ins­ti­tu­tions patri­mo­nia­les et visant à recen­ser l’ensem­ble des fonds privés de par­le­men­tai­res. La loca­li­sa­tion des fonds privés de dépu­tés sera prio­ri­tai­re­ment indi­quée pour les élus en acti­vité pen­dant la Première Guerre mon­diale, dans une page spé­ciale du site Internet des Archives, acces­si­ble via leur fiche bio­gra­phi­que.

Le péri­mè­tre du projet de célé­bra­tion du cen­te­naire de la Première Guerre mon­diale de la divi­sion des Archives de l’Assemblée natio­nale n’est donc pas figé de façon défi­ni­tive, même si son cœur reste la numé­ri­sa­tion des procès-ver­baux des com­mis­sions de la Chambre des dépu­tés. Les pistes de valo­ri­sa­tion qui ont été pré­sen­tées seront enri­chies au fur et à mesure des réflexions et des recher­ches. L’année 2013 sera mar­quée de façon cer­taine par l’accé­lé­ra­tion du projet, les pre­miè­res com­mé­mo­ra­tions se fai­sant autour des débats rela­tifs à la loi des trois ans, votée en juillet 1913 à la Chambre des dépu­tés, et visant à aug­men­ter la durée du ser­vice mili­taire de deux à trois ans en vue de pré­pa­rer l’armée fran­çaise à une guerre éventuelle avec l’Allemagne. Des débats en com­mis­sion se sont tenus dès février 1913. Jean Jaurès -et Aristide Briand dans une moin­dre mesure- y ont notam­ment pris part. La com­mé­mo­ra­tion de cette loi sym­bo­lise donc, pour la divi­sion des Archives de l’Assemblée natio­nale, l’entrée dans la période de com­mé­mo­ra­tion de la Grande Guerre.

Cécilia CARDON et Hélène SAUDRAIS
archi­vis­tes à la divi­sion Archives de l’Assemblée natio­nale

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