Perle de la bibliothèque des Archives de Marseille

Marsiho, c’est « Marseille » en provençal et c’est tout le Marseille d’André Suarès (1868-1948). Ce livre bouleverse l’image de la ville et la révèle, très éloignée des clichés.

lundi 30 octobre 2023
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Suarès y regrette le manque de culture, les églises qui « sont la honte de Marseille » et la « plus mau­vaise musi­que du monde ». Mais il la qua­li­fie quand même d’« uni­ver­selle » ! Il fût un des pre­miers à faire res­sor­tir ses contras­tes : cer­tains lui en tien­dront rigueur au point de mettre en danger sa popu­la­rité : il est d’ailleurs aujourd’hui qua­si­ment tombé dans l’oubli. Écrivain pro­lixe fixé à Paris à partir de 1897, il sera fina­le­ment plus reconnu par le cercle pari­sien. Même si Suarès revient tou­jours à Marseille, il aimait et détes­tait sa ville d’ori­gine.
C’est lui qui sol­li­cite Louis Jou (1881-1968) pour illus­trer son texte : la com­mande n’est pas éditoriale mais bien basée sur une col­la­bo­ra­tion et une admi­ra­tion mutuelle. Ils furent amis toute leur vie et leur amitié se nour­ris­sait d’une grande com­pli­cité intel­lec­tuelle. Immigré espa­gnol, Louis Jou fût auto­di­dacte dans tous les corps de métiers du livre - impri­meur, typo­gra­phe, relieur, illus­tra­teur – si bien que Suarès le sur­nomma « l’archi­tecte du livre ». Il créera une tren­taine d’ouvra­ges qu’il fabri­que, au sens lit­té­ral du terme, du carac­tère d’impri­me­rie à la cou­leur des encres. Les vues, les say­nè­tes et les per­son­na­ges qui illus­trent le livre sont fidè­les au Marseille des années 1930, comme l’atteste la pho­to­gra­phie issue du fonds d’archi­ves « Collection A.R.S. », conservé aux Archives de Marseille.
André Suarès et Louis Jou furent des êtres libres et excen­tri­ques dans leur vie comme dans leur art, avec peu de souci pour les normes socia­les et beau­coup de goût pour l’inno­va­tion. C’est peut-être cela qui donne à Marsiho cette place unique dans la lit­té­ra­ture fran­çaise du début du XXe siècle.

Suarès (André), Marsiho, Paris, Marcel P. Trémois, 1931, 1ère édition, 169 p., in-4.
Frontispice, 5 planches en couleur, bandeaux en camaïeu et culs-de lame en bistre.
Tirage limité à 325 exemplaires numérotés, papier japon impérial, nominatif, 26 planches en noir sur Japon, gravures sur bois par Louis Jou.

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